rosaceOui, c’est une question. En règle générale nous nous disons chrétiens plutôt que catholiques. C’est légitime. Dès l’an 40, à Antioche de Syrie, on a pris l’habitude d’appeler chrétiens les disciples du Christ (Ac 11, 26).

Cela correspond au moment où l’annonce de l’évangile déborde du monde juif et touche les païens de langue grecque. Il a suffi de créer l’adjectif christianoï à partir du substantif Christos. Nous pouvons être fiers de ce nom : nous sommes « ceux du Christ ». Dans les premiers siècles, lors de leur interrogatoire, des martyrs n’avaient que ce nom comme réponse ; c’était leur identité, leur domicile, leur profession. Je suis chrétien : cela dit mon attachement au Christ. Cela dit en même temps mon lien avec les autres disciples : catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans portent ensemble ce nom, signe d’une fraternité réelle à défaut d’une communion plénière.

Se dire catholique est moins évident, semble-t-il. Cet adjectif qualifie l’Église, or beaucoup ont une relation problématique avec l’Église ou du moins avec les gens d’Église. D’autre part, à partir de la Réforme, catholique a pris un sens confessionnel, réducteur : catholique et protestant devenaient deux dénominations, deux délimitations, alors que le mot signifie au contraire l’ouverture, à l’opposé du particularisme. D’ailleurs les Églises orthodoxes revendiquent d’appartenir à la Katholika. Tout le monde le sait, tout le monde le dit, catholique veut dire universel. Mais cette traduction un peu facile ne va pas au fond des choses. Littéralement kat-holon signifie « à la mesure de la totalité ». Il faudrait parler plutôt de plénitude. C’est la grâce et la mission de l’Église : tout accueillir (ne rien lâcher), pour tout partager, avec toute l’humanité. Ce sont les derniers mots du Christ dans l’évangile selon saint Matthieu : tout pouvoir m’a été donné, de toutes les nations faites des disciples, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.

Vous l’avez deviné… Je suis un catholique heureux ! L’Église voulue par le Christ, l’Épouse qu’il a aimée à en mourir (Eph 5, 25) est présente dans l’Église catholique : c’est l’enseignement du Concile (Lumen Gentium n° 8). Cela ne veut pas dire que les chrétiens d’autres confessions n’ont aucune part des richesses du Christ. Au contraire nous avons tous des trésors à partager. Je n’ignore pas non plus les erreurs et les péchés des catholiques, à commencer par mon propre contre-témoignage. Mais je sais où se trouvent la plénitude de la foi et des sacrements, l’unité dans la diversité, la tradition vivante, la sainteté innombrable. Alors que des voix cherchent aujourd’hui à nous dé-catholiciser sous de faux prétextes d’œcuménisme ou de miséricorde, « gardons la foi » (2 Tm 4, 7) et que la foi nous garde.

(Famille Chrétienne, 8 septembre 2018)