trinite

La fête de la Sainte Trinité nous invite à nous intéresser à Dieu. Trop souvent nous nous intéressons non pas à Lui, mais à ses œuvres, à ses grâces.

Qu’est-ce qu’il peut faire pour nous, pour notre avantage. C’est comme dans les relations humaines : trop souvent, ce qui m’intéresse, ce n’est pas tellement la personne elle-même, mais ce que la personne peut m’apporter, me rapporter. Essayons aujourd'hui de nous intéresser au mystère de Dieu, à ce qu’il est. Ce que saint Paul appelle « les profondeurs de Dieu ».

On ne trouvera pas dans les évangiles un exposé théorique sur la Sainte Trinité. C’est plutôt une révélation progressive, à partir d’une expérience, l’expérience de vivre dans la compagnie de Jésus. Peu à peu on découvre qu’il est inséparable du Père, que les deux sont bien distincts et en même temps qu’ils ne font qu’un. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Qui me voit voit le Père. Et finalement cette affirmation : Le Père et moi nous sommes Un. Et au cœur de cette communion la présence d’un Troisième, l’Esprit, qui n’est pas quelque chose mais quelqu'un. En effet l’amour appelle toujours au-delà, et le chiffre de l’amour n’est pas deux, un duo, mais trois : le nous s’accomplit dans un au-delà de toi et moi. Effusion éternelle de l’Esprit Saint, qui déborde jusqu’à nous, car le Père l’envoie à la prière du Fils, et le Fils l’envoie d’auprès du Père.

Je vais dire quelque chose qui va choquer beaucoup de gens : contrairement à ce que dit tout le monde ou presque, il n’est pas vrai que nous avons tous le même Dieu. Certes Dieu est unique, et il est Dieu pour tous. Mais tous ne connaissent pas Dieu tel qu’il se révèle, c’est-à-dire communion trinitaire. Un Dieu qui est Amour  en lui-même – et pas seulement qui a de l’amour. Le mystère de la Trinité n’est pas une variante parmi d’autres, une représentation possible de la divinité.

Il y a finalement trois « familles » dans l’histoire et la phénoménologie des religions. Il y a les religions de la transcendance, à partir de cette vérité : si Dieu est, il n’est pas une chose au milieu des autres, un être que je puisse toucher, mesurer, définir. Il est au-delà de tout. Mais cette transcendance sans l’éclairage de la Révélation est une séparation, un dualisme absolu. Dieu est intouchable. C’est la vision officielle de l’Islam. Si tu prétends que Dieu peut venir habiter chez les hommes, ou que les hommes peuvent s’unir à Dieu, c’est un blasphème.

Il y a les religions de l’immanence. C’est ce qu’on apprend dans les spiritualités orientales. Là aussi il y a quelque chose de vrai. Si Dieu est, il est plus intime à moi-même que moi-même. Il n’est pas « ailleurs ». Mais sans l’éclairage de la Révélation, on finit par penser que ce Dieu intérieur n’est pas autre que moi, et que j’ai à disparaître dans le divin. C’est un monisme : Dieu est tout.

D’un côté comme de l’autre il n’y a plus de relation, soit parce que Dieu est trop loin, soit parce qu’il est trop près. Et s’il n’y a pas de relation, à la fois altérité et présence, il n’y a pas non plus d’amour. C’est le secret de la troisième famille religieuse, initiée en Israël et accomplie en Jésus Christ : la religion de l’Alliance. C’est la mienne ! Je ne suis pas chrétien par hasard ou par habitude. Mais par émerveillement. Disant cela je ne méprise pas les autres traditions. Au contraire, j’admire ce qu’il y a de vrai et de beau dans ce « pressentiment »  que des hommes ont pu  avoir du mystère de Dieu. Mais la découverte et l’adoration de la très sainte Trinité donne à notre prière et à notre vie une lumière, un parfum, une musique sans pareil. C’est un trésor que nous n’aurons jamais fini d’accueillir. Et de partager.