« Avez-vous compris tout cela ? » Ainsi se termine le chapitre 13 où Matthieu a rassemblé sept paraboles, et il en ajoute une huitième, celle du scribe devenu disciple, qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien.

La nouveauté, c’est le Royaume, ou plutôt le Règne : Benoît XVI a bien montré dans le premier volume de Jésus de Nazareth que la Royauté dont il s’agit n’est pas d’abord un domaine divin dans lequel il faudrait entrer mais la Seigneurie même de Dieu et de son Christ ; en accueillant la Parole (comme la bonne terre de la première parabole accueille la semence) nous entrons sous la puissante et douce autorité du Dieu vivant et nous permettons que le Règne s’instaure en nous et dans le monde. Le Règne, c’est-à-dire le Christ lui-même, qui apporte avec lui le salut et toute nouveauté.

« Comprendre » les paraboles, ce n’est pas seulement les décoder ; c’est entrer dans cette nouvelle vision et dans cette grâce. La question était déjà posée au début du chapitre : « Je leur parle en paraboles parce qu’ils écoutent sans écouter et sans comprendre » (verset 13). La parabole établit un parallèle ; l’erreur serait de rester au niveau de l’anecdote et de ne pas comprendre qu’elle parle d’autre chose – précisément du Règne.

On dit la parabole du trésor ou de la perle, la parabole du filet, la parabole du fils prodigue. Mais cette façon de parler induit en erreur. On pourrait croire que le sens est dans la chose. On en fait un symbole ou une image, alors que c’est une action. Pour revenir à la première parabole, elle n’est pas la parabole de la semence, mais de l’ensemencement. Saint Marc (4, 13) laisse entendre qu’elle nous donne une clé : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors comment comprendrez-vous les autres paraboles ? » Toute la question est celle de l’accueil : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 13, 9).

Les paraboles sont toujours un récit, une histoire, quelque chose de dynamique : le trésor inattendu, la perle laborieusement cherchée, le filet qui vous tombe dessus. Il y a un avant et un après, il se passe quelque chose – même si cela est raconté en deux lignes. Or précisément le salut est une histoire, le Règne est un événement ou plutôt un avènement : « que ton Règne advienne ! » Il ne vient pas comme le beau temps après la pluie. Il n’arrive pas comme le peloton à la dernière étape du Tour de France. Advient en ce monde quelque chose qui n’est pas de ce monde. Trésor que l’on trouve sans l’avoir cherché et perle que l’on cherchait sans la trouver. Grâce longuement désirée en même temps qu’inattendue.

« Quel est ton désir ? » C’est la question que Dieu pose au jeune roi Salomon dans le songe de Gabaon. C’est la bonne question, peut-être la seule.

30 juillet 2017