Ça y est ! Les catholiques gaulois ont trouvé une nouvelle pomme de discorde et déterré la hache de guerre : pour ou contre la messe en période de confinement ? Je suis impressionné par l’escalade, en quelques jours. L’art de faire d’un débat amical un combat suicidaire. Le débat est légitime, il est même incontournable : comment concilier un droit constitutionnel (la liberté d’exercice du culte public) et un impératif circonstanciel (le contrôle de l’épidémie) ?

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La question n’est pas simple. Les avis peuvent différer. On peut s’étonner avec Mgr Aillet : « dimanche matin Leroy-Merlin est ouvert alors que les gens ne peuvent pas aller à l’église pour assister à la messe ». On peut aussi s’inquiéter avec d’autres évêques devant « un discours malsain » ou une posture de victime, « ce qui n’envoie pas un bon signal ». Mais faut-il pour autant s’invectiver et refaire le coup des bons contre les mauvais, des fidèles contre les « traîtres » (sic) ? Qui ne voit que ces oppositions binaires et guerrières sont la négation même de l’Eucharistie, qui devient une fois de plus le lieu même de la décommunion. La dialectique est toujours diabolique. Les uns disent : vous n’avez pas la foi. Les autres répondent : vous n’avez pas la charité. Comme s’il fallait choisir ! Les uns affirment qu’ils ne peuvent pas vivre sans la messe ; c’est ce que disaient déjà les martyrs d’Abilène et Jésus lui-même : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, vous n’avez pas la vie en vous – Jn 6, 53). Faut-il les considérer comme des catho-rigides, d’extrême droite bien sûr, trumpistes de surcroit (c’est la nouvelle injure) ? Les autres jugent que la communauté chrétienne doit plutôt partager la situation commune et vivre la grâce de l’Eucharistie dans le service des pauvres et le souci de la fraternité concrète. Faut-il les considérer comme des catho-laxistes, gauchistes bien sûr, ou bien macronistes ? Comme dit Antoine de Saint-Exupéry « les mots se tirent la langue ». Mais le réel est pluriel.