onctionENSEIGNEMENTS DU PÈRE BANDELIER AU PÉLERINAGE DE SAINT MATHURIN DE LARCHANT, 5 ET 6 JUIN 2022.

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Les larmes, on n’en parle pas souvent. Pourtant c’est si important dans la vie : mes larmes, et les larmes de ceux que j’aime, et les larmes de tous ceux qui souffrent. Et c’est si important dans la Bible. Dans le Nouveau Testament on parle 90 fois des larmes ou des synonymes : pleurs, lamentations, affliction… 

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(Ma dernière chronique dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne, après 27 années de collaboration et plus de 1000 articles)

Les années du Concile Vatican II ont été aussi mes années de séminaire. Une période extraordinaire. L’Église avait besoin de ces nouvelles perspectives, de ce nouvel élan. D’une année à l’autre, nos professeurs actualisaient leur cours en fonction des travaux de l’Assemblée. Je sais bien que cette belle œuvre de l’Esprit Saint a été troublée par une herméneutique de la rupture, selon laquelle le fruit du Concile serait non pas une Église renouvelée mais une nouvelle Église. C’est un contresens, c’est même un non-sens. Hélas il perdure, comme un rêve pour certains et un cauchemar pour d’autres.

servantsDepuis longtemps les catholiques français se disputent sur les questions liturgiques. D’un côté c’est le signe que nous attachons de l’importance à la liturgie et spécialement à l’eucharistie, « sommet et source de toute la vie de l’Église » (Vatican II, SC n° 10). D’un autre côté c’est un piège redoutable, pour ne pas dire diabolique. Il ne faut pas que la messe, lieu par excellence de la communion, devienne le lieu de la division.

NDChartresVitrailEst-il vrai que le temps de l’Avent nous prépare à Noël, comme le Carême nous prépare à Pâques ? Ce parallèle souvent mis en avant n’est pas faux si l’on s’en tient au calendrier. Mais la symétrie est trompeuse.Les 40 jours du Carême, en mémoire de la Quarantaine dans le désert de Moïse, d’Élie et de Jésus lui-même, sont clairement un chemin de conversion, de purification et de formation. En compagnie des catéchumènes, nous préparons les fêtes pascales et le renouvellement de notre consécration baptismale. L’Avent est moins un parcours, un « avant », qu’un rendez-vous « maintenant » avec Celui qui est venu, qui vient et qui viendra.

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L’été dernier, le Motu proprio de François, qui disait le contraire du Motu proprio de Benoît, a suscité émotions et réflexions. Le débat sur la liturgie était apaisé, mais il n’était pas terminé. Trop souvent, dans les médias comme dans les conversations amicales, on le réduit à une question de langue : « pour ou contre la messe en latin ».

On ne choisit pas ses combats, encore moins ses adversaires. C’est en nous déclarant la guerre que l’adversaire se déclare notre ennemi. Le pacifisme est une erreur tragique. On croit éviter la confrontation, on ne fait que la différer et l’aggraver. nuagesAu temps de la menace babylonienne, Jérémie était accusé d’être un prophète de malheur, parce qu’il essayait de réveiller les inconscients : « Ils traitent à la légère la blessure de mon peuple, en disant : Paix ! La paix ! alors qu'il n'y a pas de paix » (Jr 6, 14).

Chaque année, à l’époque des ordinations, une certaine tristesse, mêlée d’anxiété, peut habiter le cœur des fidèles et celui des pasteurs : c’est vrai, trop peu de jeunes hommes s’engagent sur le chemin de la prêtrise, et des diocèses n’ont pas eu de nouveau prêtre depuis plusieurs années.

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Mais on peut aussi rendre grâce : dans les temps difficiles où nous sommes, il y a encore des ordinations : des cœurs sont touchés par l’appel du Christ, des vies sont bouleversées par l’urgence de l’Évangile.

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Le plaisir est un petit bonheur. Satisfaction des sens ou de l’esprit, il atteste la saveur de quelque chose. Mais il n’est ni la chose ni sa saveur. Il n’est pas pour autant quantité négligeable. Il récompense nos efforts, il soutient nos fidélités, il signe nos moments de grâce. Aristote enseignait que le plaisir accompagne l’action comme la beauté la jeunesse. Cette parole de sagesse peut nous alerter sur une perversion toujours possible du plaisir. Un premier détournement est de prendre comme fin non plus la chose belle ou bonne qui donne du plaisir comme par surcroit, mais de faire du plaisir le but ; tout le reste est alors ravalé au niveau d’instrument de mon plaisir, y compris les relations humaines. De ce point de vue notre époque est celle de l’hédonisme triomphant. La réduction de la sexualité au plaisir sexuel en est une expression. Des fiches récentes du Planning familial sur Internet expliquent aux enfants qu’on peut avoir en même temps plusieurs amoureux.euses (sic) et que la polygamie multiplie les plaisirs.

Un autre détournement est de chercher son plaisir et de le trouver dans la destruction, le mépris, la guerre, la domination. C’est le plaisir morbide de Satan et de ses anges, sur fond de désespoir. Nous aussi, hélas, il peut nous arriver de nous réjouir du malheur des autres. Mais c’est un plaisir triste, amer et solitaire. Ce n’est pas le bonheur ! Même quand il est juste, le plaisir est toujours sensible, fugace et parcellaire. Le bonheur est intérieur, durable et plénier. Il est un « bien être », une façon d’être ajusté à soi-même, au monde, à Dieu. Il n’est pas sans combats ni sans épreuves, mais il les traverse. Le bonheur est laborieux. Il faut le découvrir, le construire, le protéger, le partager. Les huit béatitudes que Jésus proclame sur la montagne répondent chacune à une expérience coûteuse. Mais il y a un bonheur plus grand que le bonheur : la joie.

La joie est un grand bonheur, immérité, inattendu. Parfois torrent débordant. D’autres fois source cachée. Insaisissable, elle nous saisit. Nous n’y sommes pour rien et elle nous est donnée. Cette grâce nous plonge dans l’action de grâce. Comme le suggère la parabole des talents, il y a une joie divine plus grande que notre cœur : « Entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25, 21). Au fond, il n’y a qu’une joie, et c’est la joie de l’amour, ou plus exactement la joie du don. C’est la joie éternelle de la sainte Trinité, où les Trois ne font qu’un dans leur donation mutuelle. Et c’est la joie du petit enfant émerveillé devant un simple caillou. C’est surtout la joie de Pâques, joie d’une présence ineffaçable : Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Et votre joie, personne ne vous l’enlèvera (Mt 28, 20 ; Jn 16,22).

Famille chrétienne, 24 avril 2021

neige branguier

Nous nous plaignons du fond sonore permanent que nous impose la vie moderne. Il y a le vacarme des machines et des moteurs. Il y a aussi la cacophonie des discours et des musiques qui nous sont déversés du matin au soir. Une exposition excessive aux stimuli extérieurs peut provoquer des troubles physiologiques et psychologiques. On parle moins du trouble spirituel qui en résulte: le dépérissement de la vie intérieure, jusqu’à son extinction pure et simple.

HPnonIls vont finir par y arriver. Pays des débats homériques, des révolutions et des manifestations, des idées nouvelles et de la mémoire tenace, de la presse libre et contradictoire, de l’humour irrespectueux, la France devient peu à peu le plat pays de la pensée unique. Qui est la pensée morte. 

pain eauEn quelques mots très simples, Jésus nous donne deux enseignements précieux. Le premier est énoncé comme une évidence : le jeûne fait partie de la vie des disciples. Jésus ne dit pas « Si tu jeûnes », il dit « Quand tu jeûnes ». Le jeûne n’est pas une pratique exceptionnelle, réservée à des gens bizarres ou un peu excessifs. C’est une composante de la vie chrétienne normale, comme l’aumône et la prière (Mt 6, 1-18).

louange

On attribue à saint Augustin cette formule célèbre. Le texte initial disait plutôt : Qui bien chante, deux fois prie. Un mauvais esprit de tiédeur pourrait en conclure que le chant peut remplacer la prière. Mais c’est le contraire : le chant redouble la prière. Comment cela ? Par la grâce propre du chant liturgique : la prière des mots s’unit à la prière des notes. Trois règles en découlent, qui ne sont pas toujours honorées dans nos cantiques du dimanche : il faut un texte priant, une musique priante, et une harmonie du texte et de la musique.