Le premier Concile du Vatican (1870) avait souligné la primauté du Pape, son autorité sur toute l’Église, son infaillibilité lorsqu’il proclame solennellement la foi de l’Église. Le Concile Vatican II (1965) a souligné la collégialité, c’est-à-dire le fait que le collège des évêques unis au Pape « est sujet du pouvoir suprême et plénier sur l’Église tout entière » (Canon 336). Cette coresponsabilité s’exprime au plus haut point quand tous les évêques du monde se réunissent en « Concile œcuménique ».eveques

Mais convoquer le Concile ne peut être qu’exceptionnel (aujourd’hui il y a plus de 5000 évêques dans le monde). C’est pourquoi on a souhaité des assemblées moins nombreuses mais plus fréquentes. Paul VI a institué le Synode, réunion d’évêques du monde entier délégués par leurs pairs ou appelés par le Pape. 

Le Synode prend une place grandissante dans la vie de l’Église. Cela peut nous réjouir comme cela peut nous inquiéter. Nous aimons une Église qui dialogue, qui s’interroge, qui se veut « en sortie », qui fait de l’aggiornamento souhaité par Jean XXIII une exigence permanente. Les premiers Synodes ont été plutôt pastoraux : l’évangélisation, la catéchèse, la famille, la réconciliation. Les suivants ont approfondi l’ecclésiologie de Vatican II (les évêques, les prêtres, les religieux, les laïcs). Il y a eu une série d’assemblées dites spéciales (régionales ou continentales) avant et après le Jubilé de l’an 2000. Les assemblées ont traité ensuite de thèmes fondamentaux comme l’Eucharistie, la Parole de Dieu, la Miséricorde. Les derniers synodes présidés par François ont un accent pastoral et même pratique (nouvelle évangélisation, mission de la famille, les jeunes, l’Amazonie). Cela peut aller jusqu’à des options inédites, discutables et en effet discutées.

Le Synode est un lieu de débat mais aussi de communion. Le Concile a une autorité suprême que n’a pas une réunion d’évêques (conférence épiscopale ou Synode). Nous connaissons trop les limites de nos démocraties parlementaires pour souhaiter que l’Église elle-même soit plus ou moins gouvernée par des assemblées occasionnelles d’évêques, exposées à la pression médiatique du monde et à aux manœuvres politiques en interne. La foi au Christ et la vie en Christ peuvent être l’objet d’éclaircissement, d’approfondissement, de renouvellement. Mais elles ne sont pas soumises au changement au gré de nos opinions, encore moins de nos votes. N'oublions pas qu’au temps de l’arianisme triomphant, les évêques fidèles à la divinité du Christ étaient minoritaires. Prions donc pour l’unité de l’Église : qu’elle soit protégée de choix doctrinaux ou pastoraux qui instaureraient une rupture de la communion dans le temps (entre hier et aujourd’hui) ou dans l’espace (entre ici et ailleurs).

Famille Chrétienne, 16 novembre 2019