brouillardSaint Pierre l’affirme : nous devons être toujours prêts à rendre raison de l’espérance qui est en nous (1P 3, 15). Notre première conviction est que tout est grâce. « Au commencement », à l’origine de tout ce qui est, il y a le geste créateur : « Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1). La bénédiction est fondamentale, originelle, définitive.

Cela s’oppose au dualisme des cathares et des autres, pour qui le bien et le mal, la lumière et les ténèbres sont constitutifs du monde depuis toujours. Le pavement noir et blanc du temple maçonnique en est le symbole. Comme dit le livre de la Sagesse, Dieu n’a pas fait la mort, exister n’est pas un cadeau empoisonné (sic). C’est par la jalousie du Diable que la mort est entrée dans le monde (Sg 1, 13-14 et 2,24). Dans le champ du monde, le Semeur divin a semé du bon grain (Mt 13, 24). L’ivraie n’est pas originelle : C’est un ennemi qui a fait cela (13, 28). Il n’y a donc pas « le mal » en soi. Le mal est toujours un bien blessé, abimé, parfois détruit. Au milieu des combats et des épreuves, personnelles ou collectives, notre premier acte d’espérance est de garder mémoire du don de Dieu et de rendre grâce, car éternel est son amour.

Une conviction symétrique est qu’à la fin de l’histoire il y aura le Jugement. Cette affirmation du Credo est largement passée sous silence aujourd’hui. Elle fait peur aux esprits faibles et elle fait sourire les esprits forts. Pourtant, dans son encyclique sur l’espérance, Benoit XVI a montré que le Jugement était une bonne nouvelle. Ce sera la mise en lumière de ce qui est caché dans les profondeurs des cœurs et les méandres de l’histoire : non, le bien et le mal ne se valent pas. Ce sera aussi la séparation du froment et de l’ivraie, la disparition des démons et des damnés dans « les ténèbres extérieures », l’entrée des cœurs purs (éventuellement purifiés par le Purgatoire) dans la gloire de l’amour trinitaire. Tel est notre deuxième acte d’espérance : à la fin il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur (Ap 21, 4).

Entre les deux, entre le commencement et l’achèvement, il y a le temps qui passe, tandis que coexistent le froment et l’ivraie. C’est le temps de la patience de Dieu, c’est aussi le temps de notre conversion. Le temps est une grâce : Dieu nous donne le temps. Notre propre cœur est un champ où poussent ensemble le meilleur et le pire. En effet il n’y a pas les bons et les méchants. Ce serait une lecture simpliste de la parabole. Le pécheur ne doit pas penser que pour lui c’est fini ; ce serait pécher en plus par désespoir. Le juste ne doit pas penser que c’est gagné ; ce serait pécher par présomption. Notre troisième acte d’espérance est en fait quotidien : tout ce qu’il y a de vrai, de bon ou de beau en ce monde appartient déjà à l’éternité.

Famille Chrétienne, 1 février 2020