NDChartresVitrailEst-il vrai que le temps de l’Avent nous prépare à Noël, comme le Carême nous prépare à Pâques ? Ce parallèle souvent mis en avant n’est pas faux si l’on s’en tient au calendrier. Mais la symétrie est trompeuse.Les 40 jours du Carême, en mémoire de la Quarantaine dans le désert de Moïse, d’Élie et de Jésus lui-même, sont clairement un chemin de conversion, de purification et de formation. En compagnie des catéchumènes, nous préparons les fêtes pascales et le renouvellement de notre consécration baptismale. L’Avent est moins un parcours, un « avant », qu’un rendez-vous « maintenant » avec Celui qui est venu, qui vient et qui viendra.

À Noël (ou plus exactement neuf mois avant, le jour de l’Annonciation) le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Mais la venue de Dieu ne se réduit pas à Noël.

Avant Noël, toute l’histoire d’Israël, relue par les prophètes et les sages, témoigne des multiples visitations de Dieu, qui vient sauver son peuple, mais aussi le corriger, l’instruire, le conduire. Les lectures de l’Ancien Testament, pour l’Avent, disent la lumière et la joie qui naissent au passage du Seigneur. C’est déjà le Verbe éternel qui entre dans l’histoire, pour l’éclairer et la transformer. D’ailleurs « Celui qui vient » est l’un des noms du Messie, le Roi à venir. Après Noël et tout le déploiement du don de Dieu dont témoignent les évangiles et qui culmine dans la mort et la résurrection du Sauveur, l’histoire n’est pas finie. Le monde est sauvé, mais il faut encore que ce salut soit annoncé, communiqué, accueilli, et enfin accompli. L’aventure de Dieu chez les hommes n’est pas terminée. C’est pourquoi la liturgie de l’Avent commence par la fin : le premier dimanche, nous relisons l’enseignement eschatologique et apocalyptique que Jésus donne à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui. Je le résumerais en disant qu’au milieu des événements de notre histoire chaotique et éprouvante, « tout ce qui doit arriver », se prépare secrètement l’avènement du Règne de Dieu, qui à la fin sera manifesté, « avec puissance et grande gloire ». 

C’est pourquoi la liturgie de l’Avent prend à témoin Jean le Baptiste (les dimanches suivants). Ici encore c’est un choix théologique et non pas chronologique, puisque Jean commencera sa mission trente ans après Noël. Mais ce Dieu qui vient, qui s’aventure dans l’histoire des hommes, attend que l’homme, de son côté, fasse un pas vers lui. « Préparez les chemins du Seigneur ». C’est la condition de la rencontre. Enfin, le dernier dimanche de l’Avent, l’évangile nous ramène au mystère fondamental, l’entrée de Dieu dans notre chair, par le consentement et l’offrande d’une jeune fille de Nazareth. Avec Marie, c’est toute l’humanité, c’est toute la Création qui devient temple du Dieu vivant.