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(Ma dernière chronique dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne, après 27 années de collaboration et plus de 1000 articles)

Les années du Concile Vatican II ont été aussi mes années de séminaire. Une période extraordinaire. L’Église avait besoin de ces nouvelles perspectives, de ce nouvel élan. D’une année à l’autre, nos professeurs actualisaient leur cours en fonction des travaux de l’Assemblée. Je sais bien que cette belle œuvre de l’Esprit Saint a été troublée par une herméneutique de la rupture, selon laquelle le fruit du Concile serait non pas une Église renouvelée mais une nouvelle Église. C’est un contresens, c’est même un non-sens. Hélas il perdure, comme un rêve pour certains et un cauchemar pour d’autres.

À la rentrée de 1968, je suis devenu aumônier de lycée. Jeune prêtre au milieu des jeunes, j’ai accueilli leurs questions et leurs découvertes, leur ferveur et leurs doutes. À leur école, j’ai fait mienne la prière du père Paris, qui demandait à Jésus pour son Église des prêtres saints, des saints pour aujourd’hui, prêtres antiques dans des hommes nouveaux, qui comprennent et qui parlent la langue de leur temps, mais qui prennent soin de ne pas compromettre, avec des opinions qui varient et qui passent, l’impérissable nouveauté de l’Évangile

Il faut dire que des maîtres m’avaient initié à la double sagesse de la foi et de la raison, « comme deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » (encyclique de saint Jean Paul II, Fides et ratio). Je dois citer au moins Norbert Tannhof, qui fut pour moi plus qu’un prof de philo. Ma découverte du Renouveau charismatique puis mon engagement dans les Foyers de Charité m’ont confirmé dans la vérité catholique, qui unit éternité et actualité, alors que la dialectique diabolique ne cesse de blesser l’Église, en opposant bêtement tradition et modernité. Je m’étais fait une devise un peu solennelle pour résumer tout cela : Audace et fidélité à la suite de Jésus Christ ! J’ai eu l’occasion de la soumettre à Marthe Robin, lors d’une visite à la Plaine. Elle a ajouté, avec sa voix prophétique des grands jours : dans l’Église !

C’est dans cet esprit que j’ai participé à la belle aventure de Famille Chrétienne. Participation modeste mais fidèle : j’ai compté, elle aura duré 27 années ! Au point de départ, le directeur de la rédaction (Philippe Oswald à l’époque) m’a proposé de répondre aux innombrables questions des lecteurs sur la foi et la vie chrétienne. Ce fut ma chronique hebdomadaire, Une foi, mille questions. Elle a rendu service. Avec Aymeric Pourbaix, nous avons changé de rythme (tous les quinze jours) puis de programme : j’ai écrit des billets inspirés par l’évangile du dimanche. Enfin, sous la direction d’Antoine-Marie Izoard, j’ai pu mettre mon grain de sel mensuel dans la rubrique Parlons clerc. La confiance de l’équipe du journal et la sympathie des lecteurs m’ont toujours accompagné. À tous un merci fraternel !

Famille Chrétienne, 8 janvier 2022