creche nuit 100« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ! » Ai-je quelque chose à ajouter à cette bonne nouvelle que nous venons entendre, réentendre chaque nuit de Noël ?

Ai-je des commentaires à faire une fois que l’Ange du Seigneur a parlé ? Que dire d’autre, en réponse et en écho, que l’exclamation et l’exultation de la troupe céleste innombrable, l’assemblée invisible mais non irréelle des anges du ciel ? Ils sont les premiers à entendre le message et à s’en réjouir, mais ils ne seront pas les derniers : à notre tour, troupe terrestre innombrable, nous chantons l’évangile de Noël : la Gloire de Dieu au plus haut des cieux et la paix de Dieu qui descend sur la terre des hommes, ses bien-aimés. 

Cette bonne nouvelle à vrai dire n’est pas un discours, elle n’est pas un assemblage de mots, elle n’est pas non plus une idée, un assemblage de pensées, de rêves ou d’angoisses, encore moins une idéologie. Elle est un événement, quelque chose qui nous arrive : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! ». Quelque chose d’inattendu, mais peut-être pas d’inespéré : les prophètes ont éveillé en nous une attente imprécise mais tenace, et l’état du monde, l’expérience de l’histoire, notre propre insatisfaction (quand elle n’est pas illusoirement masquée par nos addictions plus ou moins avouables) nous font soupirer et aspirer à autre chose. Cette bonne nouvelle est finalement une présence : « Vous trouverez un nouveau-né. » Non pas quelque chose à savoir, mais quelqu'un à voir ; les bergers vont se dire entre eux : allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé.

Attention cependant. Ne nous trompons pas de contemplation ni d’émotion. Ce rendez-vous à la crèche n’est pas simplement une invitation à l’attendrissement devant un berceau, même si toute nativité est mystère et même miracle. Qui est là ? L’Ange l’a dit, en trois mots de plus en plus impressionnants. Le premier : c’est le Sauveur (vous qui avez mal, et parfois mal d’avoir fait du mal, venez à celui qui s’appelle Salut, c’est son propre nom en hébreu : Ieshouah, Jésus). Le deuxième : c’est le Christ (vous qui cherchez comment l’amour peut triompher de la haine, la lumière des ténèbres, la douceur de la violence, venez à celui qui a reçu l’onction divine, la consécration messianique pour être le Roi du monde). Le troisième : c’est le Seigneur, ce qui dans le langage de la Bible est le Nom même de Dieu (vous qui cherchez Dieu dans les livres ou dans les nuages, dans les mystères occultes ou dans les énergies magiques, venez à ce Dieu si proche et si désarmé, qui se remet entre vos mains, c’est lui le véritable cadeau de Noël !)

Ne passons donc pas ce temps de Noël sans nous arrêter devant la crèche – ou plutôt dans la crèche. Car, comme les santons de Provence, nous ne sommes pas spectateurs mais acteurs de ce tableau vivant. Habitons ce mystère, ce silence, cette présence. Pas seulement le temps d’une messe. Mais chez nous. Dans le recueillement, dans le secret (ce qui ne sera pas facile à gérer en ce temps de fêtes et de rencontres). Et là laissons advenir et grandir en notre cœur la Joie, avec un J majuscule, une joie mystérieuse, divine, qui ne résout pas tous les problèmes et ne guérit pas toutes les douleurs, mais qui nous est donnée au plus profond de l’âme, et qui demeure. Joie de la sainte présence. Ce n’est pas la Joie qui nous quitte, trop souvent c’est nous qui la quittons. Joie de l’Enfant-Dieu, ou plutôt de ce Dieu-Enfant. Joie qui n’est pas de ce monde, mais qui est venue en ce monde. Qui vient en mon cœur et qui veut de mon cœur passer en d’autres cœurs.

Noël 2018