vierge enfantJoyeux Noël ! Ce n’est pas une formule de politesse, ce n’est pas une phrase rituelle. C’est une bonne nouvelle, une annonce prophétique : la Joie de Noël est là, offerte à chacun.

Cest le don de Dieu, chacun peut l’accueillir, chacun peut le transmettre. Ce n’est pas nous qui essayons de mettre de la joie dans ces jours de fête, c’est Noël qui met de la joie dans nos jours parfois bien sombres. Noël n’est pas une parenthèse de quelques heures, de quelques jours, un moment de rêve, pour oublier la vie réelle : épreuves, angoisses, drames, crise sanitaire et le reste. Et pour la retrouver après, plus tristes encore et plus désespérés que jamais ! Non, c’est Noël, l’immense mystère de Noel, qui enveloppe tout le reste. Ce n’est pas une féérie, une utopie, une merveille promise pour plus tard « peut-être » : non, la merveille a eu lieu, nous la fêtons tous les ans, nous la vivons tous les jours.

Quelle merveille ? Le Dieu invisible s’est fait visible dit la lettre aux Hébreux, la grâce de Dieu s’est manifestée dit saint Paul à son disciple Tite. Dans la nuit de Bethléem l’ange du Seigneur l’affirme par les trois noms qu’il donne à l’Enfant : le Sauveur c’est le Christ, le Christ c’est le Seigneur. Ainsi l’éternel est entré dans le temps, l’insaisissable, l’intouchable s’est remis ente nos mains, s’exposant aux baisers de la pécheresse, à ses caresses parfumées, à ses larmes, image d’une Église aimante mais d’abord repentante – mais il s’exposait aussi aux crachats, aux épines et aux clous que notre péché avait préparés. En effet, Dieu innocent du mal vient s’unir à notre humanité pour le meilleur et pour le pire, la miséricorde n’a pas peur de notre misère, l’Enfant Dieu nous invite à entrer dans la terre des vivants, mais pour cela il n’a pas craint de nous rejoindre sur la terre des mourants (St Augustin). 

Et Marie, si jeune, si belle, si virginale dépose ce Dieu nouveau-né dans une mangeoire d’animaux, berceau de planches et de paille – car ce trésor qui lui est confié ne lui appartient pas, elle doit le déposer, plus exactement l’exposer (comme le saint Sacrement, car c’est vraiment le saint sacrement, oui, cette humanité du Christ, tissée en Marie, est le sacrement premier qui fonde tous les autres, elle est le signe, l’expression, la présence de sa divinité).

Mais n’oublions pas la toute première crèche : si Marie peut déposer l’enfant dans la grotte de Bethléem, c’est que l’Esprit Saint, neuf mois avant, a déposé le Fils de Dieu dans son cœur et dans son corps, dans la grotte maternelle de sa féminité. Cette nuit de Noël, c’est le moment où elle peut l’offrir, c’est-à-dire le rendre à Dieu avec action de grâces et le donner au monde, le mettre au monde ; oui il est là pour tous, pour chacun, pour moi, pour toi.

C’est pourquoi il est si heureux de nous voir cette nuit. Il nous remercie de notre présence, même si nous sommes aussi gauches que des santons de Provence, dépassés par l’événement et tout étonnés d’y être. Que nous soyons venus joyeusement ou difficilement, le cœur léger ou le cœur lourd, dans une conviction lumineuse ou dans un questionnement sans fin, heureux de notre fidélité (qui est un don de Dieu) ou malheureux de nos infidélités (qui seront tôt ou tard guéries par le pardon de Dieu)… il nous attendait !

Son amour nous attend, parce que le Sauveur n’a pas fini de sauver, le Christ n’a pas fini de nous évangéliser, de nous christianiser, le Seigneur n’a pas encore pris sous sa seigneurie toute notre existence. Or c’est un enjeu important. Pour nous-même d’abord : il en va de notre vocation, de notre beauté, de notre rayonnement d’hommes et de femmes touchés par la grâce, et finalement de notre bonheur éternel. Mais il s’agit aussi du monde, qui cherche un salut, une réponse, un espoir, mais si le Christ lui manque, il manque de l’essentiel. Quand nous nous approchons de la crèche, c’est tout un monde que nous emmenons avec nous. Et quand nous nous approchons de nos frères, c’est Noël qui s’approche. Comme les bergers, nous les invitons : Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé.