« Mes frères (et mes sœurs) bien-aimés, les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d’en haut, ils descendent d’auprès du Père des lumières… Il a voulu nous enfanter par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de ses créatures.
Accueillez dans la douceur la Parole implantée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. » (Jc 1).
Nous n’y pensons pas, mais par la foi nous sommes comme emportés dans l’immense œuvre de Dieu en train de s’accomplir, dans le double mouvement du Salut : le don de Dieu descend du plus haut au plus bas, jusqu’à nous, jusqu’en nous, et remonte vers le Ciel en nous entraînant avec lui, et le monde avec nous.
Chaque célébration de la messe actualise ce grand « geste » divin, doublement, par la Parole – qui nous est donnée et à laquelle nous répondons – et par le Sacrement – qui vient à nous pour que nous allions à lui. N’ayons pas peur de gestuer ce mystère (je ne dis pas gesticuler) et de l’incorporer : nous incliner plus profondément, élever nos mains plus haut.
Ce grand mystère était pressenti par Israël. Déjà dans la vision de Jacob, il y a une échelle qui va de la terre au ciel, et des anges de Dieu qui montent et descendent. Mais c’est surtout l’expérience des prophètes :Écoutez les décrets et les ordonnances que je vous donne aujourd’hui, ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples (Dt 4). L’enseignement de Dieu à son peuple lui donne une sagesse que les païens ignorent, et quand ils l’entrevoient ils ne peuvent que l’admirer et la désirer. Notons au passage que c’est l’enjeu de l’évangélisation : non pas que les gens nous écoutent, mais qu’à travers nos paroles et nos vies ils perçoivent un jour la voix du Seigneur.
Mais nous devons aller au bout, ou plutôt au fond du mystère. Le don parfait qui descend d’auprès du Père des lumières, la Parole qui prend racine en nous, c’est le Verbe éternel qui s’est fait chair, c’est Jésus Christ. Attention ! Pour nous, dans la vie courante, la parole ce sont des mots et des phrases. Dans la Bible, c’est une réalité. En hébreu dabar c’est tout ce qui est parlant, tout ce qui a du sens, cela peut être un geste, une action, un événement. En grec Logos c’est le sens, la raison des choses, la sagesse. « Acclamons la Parole de Dieu ! »
On comprend mieux le débat de Jésus avec les pharisiens sur la pureté. Elle est intérieure et non pas extérieure. Elle n’est pas mon œuvre, c’est-à-dire ma fidélité à mes principes ou aux normes de mon milieu. Elle est ma cohérence d’âme et de vie avec l’appel du Seigneur. Elle vient du « dedans », d’un cœur visité et habité par la grâce, purifié de ses démons et de ses addictions.
Il me semble que l'exhortation de saint Jacques sur les présents les meilleurs et les dons parfaits nous appelle tous à un nouvel élan de notre vie spirituelle - surtout en ce temps où nous pensons à la rentrée et à nos engagements pour une nouvelle année. Nous sommes prêts à faire plein de choses. Mais est-ce que nous laissons au Seigneur le droit, la possibilité, le temps d'agir en nous ? La vie spirituelle c'est de nous ouvrir à l'Esprit Saint, de nous tenir en présence de Dieu, d'accueillir ses donc parfaits, de demeurer sous son regard, d'être à l'écoute de sa Parole, à l'écoute du Christ, de nous laisser instruire eet façonner. Alors non seulement je pourrai me donner à mes frères, mais je pourrai Le donner à mes frères.